dimanche 30 novembre 2008

…je ne veux pas être une au milieu d'une autre…

La foudre n’a pas frappé. Mais l’éclair, vif comme une plaie réveillée, solitaire, isolé du tonnerre au claquement par l’écho répété, a jeté sa lumière soudaine. Précise. Un instant sans ombre. Auparavant chacun, vêtu de son histoire, laissait paraître ce dont il était capable. Sans calcul. Avec authenticité. Ce que l’autre, aussi, parvenait à éclairer. Par petites touches du halo projeté par la bougie de chacun, les silhouettes se précisaient. Foyers de vibrations perçues reçues désirées, pas encore personnes révélées nues dépouillées et accueillies telles. Cette nudité s’offre si rarement. Elle s’approche. Elle perce parfois. Explose dans un don. S’y épuise sans don en retour. Jouit de soi et de l’autre, jouit de la communauté si le don a lieu.

L’éclair ne dénude pas : il traverse. On peut ne pas le voir. Lorsqu’on l’aperçoit, la surprise est telle que l’oubli par inattention opère son travail mortifère. Souvent. Pas là.

Une phrase dans un message : un acte qui marque une décision. Pas seulement : cette femme disparue a-t-elle repris une place, peut-être la place qu’elle avait quittée, il y a déjà longtemps ?  Non : la personne qui décide en ce qui me concerne n’est autre que moi ; je ne suis pas un jouet, un instrument de divertissement, un canot de sauvetage en cas de naufrage. Que le naufrage témoigne de courage s’il doit avoir lieu ! C’est moi ou bien elle. 

Ne me cherche pas là où elle est ! Ne la cherche pas en moi ! 

Au creux d'elle il n'y aura pas moi ! Au coeur de moi elle ne réside pas !

Beaucoup mieux que cela. Ciselé. D’un trait bref et éblouissant. Quelques mots, dix ou onze. Tout dire. Pas un appel : une affirmation de soi comme femme éblouissante de liberté. D’existence droite, au cœur même des émotions qui jouent de l’équilibre.

Devoir alors dire. Comprendre où l’on en est. Même si l’objet du message n’existe pas, plus depuis des mois. Se dire à soi, d’abord. Avant de se dire à Elle. Faire la lumière sur soi pour Elle. Pour ce Nous, il se le dit. Il sait que ce qui a été vécu laisse sa marque. Que le sensible évoque un passé. Que le passé ne disparaît pas. Mais qu’il est dépassé. Toujours. Il sait qu’il n’est pas nostalgique : capable de regarder derrière sans regret, avec tendresse.

Ils se sont dits l’un à l’autre, chacun à soi-même.

Dire pour se présenter, sans réserver quoi que ce soit. Parce que le présent porte en lui le précieux, l’ouvert, le fécond.

Toi, seulement. Nous.

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